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Les pur-sang de couleur d'Hervé Gruny

Jeudi 30 Septembre 2010 - Lamorlaye.

Installé à Lamorlaye, dans l'Oise, au pied des pistes d'entraînement, Hervé Gruny est un personnage atypique dans le monde du galop.

Cavalier classique, pratiquant le horse-ball, il a, dans un premier temps, souhaité ramener du sang sur des juments ayant fait leurs preuves en compétition. Dans l'idée d'ajouter une touche d'originalité avec de la couleur, il s'est tourné vers les étalons paint-horse. Il a alors déniché un jeune cheval pur-sang anglais possédant le double enregistrement pur-sang/paint-horse.

L'idée a ensuite fait son chemin : avec cet étalon pur-sang anglais, pourquoi ne pas tenter de produire des pur-sang de couleur ? Hervé Gruny s'est donc mis à la recherche d'autres chevaux de couleur et s'est porté acquéreur de deux étalons supplémentaires.

Présentation des trois étalons de couleur de ce petit élevage.


COLOR NOTCH UP, mâle alezan pie né en 2007.

Color Notch Up est né en Normandie, chez Jean-Luc et Françoise Le Gac, éleveurs de paint-horse et chevaux de sport de couleur sous la dénomination de LGH Breeding.

D'origines partiellement américaines, il est issu de Paint the Cat, un étalon importé des Etats-Unis par LGH Breeding. Paint the Cat est le descendant d'une des plus fameuses lignées de pur-sang de couleur. Son père, Airdrie Apache peut en effet être considéré comme le fondateur d'une véritable dynastie : tous, ou presque, les pur-sang de couleur américains, se recommandent de son ascendance. La mère de Paint the Cat, Storming Suzie, est quant à elle une fille du chef de race Storm Cat.

La mère de Color Notch Up, Albajulia, est une petite-fille du top étalon Nureyev et peut se prévaloir, dans sa lignée maternelle, du champion miler Deep Roots.


THE GOLD FOX, mâle palomino né en 2006.

Hervé Gruny et son épouse, toujours à la recherche d'un étalon de couleur pour asseoir leur élevage, se sont ensuite rendus aux Etats-Unis, d'où ils ont ramené The Gold Fox. Magnifique étalon palomino, unique en France, The Gold Fox est lui aussi issu d'une lignée réputée aux Etats-Unis, trouvant ses origines à Norsire Farm, un haras spécialisé dans la production de chevaux de sport de couleur.

The Gold Fox est par Pure White Gold, le seul étalon blanc de base palomino enregistré au Jockey-Club, stationné à Norsire Farm, et Tassolette, une jument de pures origines américaines, comptant dans son ascendance de multiples champions tels Mr Prospector, Tom Fool, Bold Ruler, Round Table...

Agé de 4 ans, The Gold Fox ne sera pas essayé sur les pistes des hippodromes, bien qu'il soit bâti pour l'obstacle, Hervé Gruny ne souhaitant par ailleurs prendre aucun risque avec son étalon. Présentant des dispositions pour le dressage, il sera valorisé sur les cycles classiques.


SNOWMAN GF, mâle blanc né en 2008.

Dernier arrivé dans ses écuries : Snowman GF, un deux ans venu du Gestüt Falkenhorst en Allemagne.

Issu de The Alchemist, de robe cremello, et Shew, maximum sabino par Puchilingui, un étalon américain réputé pour transmettre de la couleur et à la base lui aussi d'une lignée de chevaux colorés, le poulain est de robe de base palomino, et porteur du gène dominant white, à l'instar de Pure White Gold aux Etats-Unis, le père de The Gold Fox. Un gène qui porte la promesse d'une descendance riche en couleur.

Snowman GF sera débourré en fin d'année de deux ans si tout va bien, et devrait être présenté en courses à trois ans. Nul doute qu'il suscitera beaucoup d'intérêt lors de ses débuts en piste !


La finalité du petit élevage d'Hervé Gruny est, notamment, de pouvoir présenter des pur-sang de couleur en course.

Pour pouvoir faire courir Color Notch Up, il a reçu sa licence de permis d'entraîner en mars 2010 et bénéficie de l'aide de Romain Dupire, employé de l'entraîneur d'obstacles Dominique Bressou, qui a débourré le poulain et le monte tous les matins. Au fil du temps, Hervé Gruny espère pouvoir améliorer sa jumenterie, et une fois fixée la couleur dans ses lignées, présenter en piste des chevaux capables de s'illustrer en région parisienne.

Une ambition éminemment sympathique dans le monde si édulcoré des courses de galop.

La Normandie au trot

22-23-24 Septembre 2010.

Terre de cheval, la Normandie est réputée pour la qualité de son élevage. Les chevaux nés dans les nombreux haras installés dans la région sont, depuis des décennies, parmi les plus illustres de nos hippodromes : leurs noms, inscrits en lettres d'or au palmarès des plus grandes courses, sont le symbole même de cette terre de contrastes, où les paysages exposent leur diversité exceptionnelle.

Pendant trois jours, j'ai sillonné ces routes, de la Manche au Calvados, sur la piste des trotteurs. J'y ai admiré des paysages magnifiques, entre le soleil et la pluie, rencontré des gens formidables, des éleveurs passionnés, et approché des chevaux merveilleux.

VISITE A JAMINSKA ET SA POULICHE

A deux pas du Mont Saint-Michel, le Haras du Fougeray héberge la championne Jaminska. La carrière brisée net dans le Prix d'Amérique, sauvée grâce à l'attachement de son entourage et à son envie de vivre, la petite jument, bien qu'handicapée, fait preuve d'une volonté qui force l'admiration.

Au paddock avec une autre jument qui semble veiller sur elle, Jaminska bouge peu, les déplacements lui étant difficiles, mais ne se laisse pas aller pour autant. Le nez dans le râtelier, elle mange son foin consciencieusement.

Dans un des paddocks jouxtant les bâtiments d'élevage, un groupe de poulains tout juste sevrés. Parmi eux, la dernière fille de Jaminska, nommée Avadimska, toute à sa jeunesse insouciante.

HARAS DE LA COUR

Moyon. A la sortie du Bourg, se trouve le Haras de la Cour, fief de Jag de Bellouet. Le champion est impressionnant de puissance, pourtant, le soigneur le dit très gentil. Curieux, il s'approche de la barrière, puis s'éloigne, broute quelques touffes d'herbe, fait quelques pas, observe les alentours...

Son voisin, Kleyton, semble beaucoup plus familier. Il cherche le contact, apprécie les caresses. Les chiens s'activent le long de la barrière, détournant l'attention de l'étalon, qui les observe puis les suit.

Deux autres étalons trotteurs stationnent actuellement au Haras de la Cour : Nil du Rib et Mien. Tous deux sont au box, ayant profité du paddock le matin.

Le Haras de la Cour élève également des Selle Français, une des races de chevaux de sport les plus réputées au monde, dont les palmarès internationaux regorgent de noms fameux. Dans les écuries, quelques chevaux attendent leur ration du soir, tandis que dans les prés, folâtrent les champions de demain.

ELEVAGE D'AUVRECY

Sur la petite commune de La Vacquerie, à quelques kilomètres de Saint-Lô, au lieu-dit "Auvrecy", Sylvie Hue nous accueille simplement, entre deux préparatifs du repas de midi. Ravie de nous présenter le joyau de son élevage, elle nous invite dans le pré où paît Lady d'Auvrecy et une autre jument ainsi que leurs deux pouliches.

Elle nous raconte l'histoire de Lady d'Auvrecy, le coup de pouce du destin entre l'acquisition de la mère et la découverte de jumeaux lors de la gestation. Le vétérinaire en a écrasé un. L'autre, c'était Lady d'Auvrecy. Puis viennent le Critérium des 5 ans, et la Coupe du Monde de Trot à Kazan en Russie. Elle nous présente ensuite la mère de Lady, Everilda, et son nouveau petit frère, Atome d'Auvrecy.

Sylvie Hue fait partie de ces personnes qu'on aime rencontrer : l'accueil est chaleureux, les anecdotes fascinantes, elle a des souvenirs plein la tête et la passion de l'élevage dans le regard.

VISITE A OURASI

Le ciel est en crue lorsque nous arrivons au Haras de Gruchy. Les pur-sang dans les prés sont immobiles, le dos tourné à la pluie. Nous nous dirigeons vers les boxes dans la petite cour intérieure. Annie nous attend auprès d'Ourasi.

Le vieux champion est à l'entrée de son box, son attention fixée au-delà de la cour du haras, où l'on devine les juments au pré. La tête fièrement dressée, seuls les poils blancs plus nombreux sur son chanfrein et les salières un peu creusées trahissent son âge avancé. Ourasi est en belle forme.

Leur complicité est évidente : Ourasi fait le grincheux, les oreilles couchées, pendant qu'Annie le flatte et lui parle "Mais oui Loulou"...

Elle va ensuite chercher la longe et sort Ourasi de son box pour nous l'emmener dans une des allées du haras. Ourasi n'aime pas la pluie et nous le fait comprendre. Le temps de quelques photos, nous le laissons retrouver l'abri de son box. Contrarié, il se met dans un coin.

Annie referme la porte sur le quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, afin de le laisser à sa tranquillité. Elle doit rentrer chez elle. Nous la saluons, heureuses de l'avoir rencontrée et d'avoir pu parler avec elle de son "loulou".

ELEVAGE DE LA FAMILLE MASSIEU

La pluie continue de tomber.

Au sud de Cherbourg, sur la commune de Ruffosses, au lieu-dit Monvazon, un peu à l'écart, en bordure de forêt, vivent la mère et une des sœurs de Jaminska.

La ressemblance entre Bihamika et sa fille Jaminska est frappante : la même tête, anguleuse, comme taillée à coups de serpe, un ladre sur les naseaux, et cet oeil ourlé d'une paupière en accent circonflexe lui donnant cet air inquisiteur. Bihamika est suitée d'une pouliche par Hand du Vivier, dont le nom, Armorica, est un clin d'oeil à la compagne de son éleveur, d'origine bretonne.

Un autre pré abrite Kariamika, opulente jument baie suitée d'une pouliche de Prince Gédé nommée Arpeggiata. Le petit ladre familial marque aussi la sœur de Jaminska.

CONCOURS DE MODELES ET ALLURES

L'hippodrome de Graignes, réputé pour sa piste remarquable et apprécié des plus grands entraîneurs qui aiment y débuter leurs chevaux, était le théâtre ce vendredi matin d'un concours de modèles et allures réservé aux juments et pouliches.

Beaucoup ont fait le déplacement et c'est une ambiance digne d'un jour de courses qui prédominait sous le soleil perçant à travers les lourds nuages gris.

Les robes lustrées, les sabots graissés, les crinières savamment tressées ou parfaitement brossées, licolées de cuir, les participantes étaient toutes plus belles les unes que les autres. Alezanes, baies, noires, brillantes dans leur poil de souris, toutes allaient se présenter devant des juges dont le rôle est de désigner celles qui correspondent le mieux au standard de la race, tant au niveau de la conformation qu'au niveau des allures.

HARAS DE RETZ

Le temps presse si l'on veut boucler le séjour avec la dernière visite prévue.

A quelques kilomètres de Gonneville en Auge, la station de monte du Haras de Retz, située à Merville Franceville, étale ses bâtiments, inaugurés en 2004, autour d'une cour impeccable.

Gobernador est au box, des brins de paille dans la crinière et sur le dos, l'air étonné de recevoir des visiteurs.

Les autres étalons sont au paddock : l'élégant Look de Star, Nelson de Vandel, occupé à brouter, le robuste Kitko, Hermès de Péricard, lui aussi préoccupé par les touffes d'herbe, Jain de Béval qui tourne délibérément le dos à l'appareil photo et le massif First de Retz à l'encolure de buffle, resté précautionneusement à l'abri après une forte pluie, attendant le retour du soleil.

Il est temps de quitter cet endroit paisible, l'odeur de l'herbe mouillée par la soudaine averse se répand dans l'air sous les rayons ardents d'un soleil revenu. Un dernier regard à chaque étalon, une petite photo de la cour du haras, une dernière de Gobernador dans son box.

Je reprends ma voiture, cette fois pour quitter la Normandie, des souvenirs plein les yeux. Trois jours de bonheur sur les routes d'un pays extraordinaire, où il fait beau cinquante fois par jour, à la rencontre de gens passionnants, sur les traces de ces champions qui me font rêver depuis tant d'années.

Merci à tous ceux qui m'ont ouvert leurs portes, et ont rendu ce séjour possible.

L'histoire de Far Far Away


Far Far Away est un cheval pur-sang anglais, né en 2008 de Machiavellian Tsar et Fleur de Mad par Maiymad.

Ses origines modestes le prédisposaient a priori à rester dans l'anonymat des pelotons si sa lignée maternelle n'était porteuse d'une caractéristique rarissime chez les pur-sang en France, laquelle s'est exprimée de façon spectaculaire chez Far Far Away.

L'histoire de Far Far Away commence il y a 50 ans.

Le phénomène s'est produit en 1963 dans un élevage normand. Issu de deux parents bais, un poulain pur-sang anglais blanc a vu le jour. Nommé Mont Blanc II, il devrait connaître un succès extraordinaire et susciter des centaines d'articles dans les journaux. A l'âge d'un an, Mont Blanc II est passé aux ventes aux enchères de Deauville. C'est un propriétaire anglais qui a fait l'acquisition du poulain blanc pour la somme de 27.000 francs de l'époque soit près de 30.500 euros. A 3 ans, Mont Blanc II débuta sa carrière de course par une victoire. Après quelques autres résultats plus qu'honorables, il fut victime d'un claquage. Son propriétaire perdit alors tout intérêt pour lui. C'est alors que le Vicomte de la Grandière, un Français de passage en Angleterre, s'intéressa à lui. Pour 60.000 francs, il acheta la moitié de l'étalon et le rapatria en France afin de l'envoyer au haras. Au début, aucun éleveur ne voulait présenter de jument à cet étalon de couleur, jusqu'à Madame Jean Couturié, qui souhaitait développer un élevage de chevaux blancs.

Entre temps, Mont Blanc II avait acquis ses lettres de noblesse en tant qu'étalon producteur de chevaux de course. Quelques uns de ses produits connurent de beaux succès sur les hippodromes dont Le Panache Blanc, qui s'était hissé au meilleur niveau avant d'être victime d'un claquage juste avant le Grand Prix de Paris, Montispa, qui fut gagnante à Auteuil, ou encore Miss Guguss, qui reste le cheval le plus étrange vu en piste, avec sa couleur baie sabino qui la rendait semblable à un criollo argentin.

En 1985, le dernier produit blanc de la lignée de Mont Blanc II vit le jour. Il s'agit de Chemin Fleuri, un nom du à la présence d'une tache de couleur alezane localisée uniquement sur les oreilles. Malheureusement, ce petit-fils de Mont Blanc II devait être castré, ce qui mit fin à la lignée des pur sang blancs français. Une autre pouliche née la même année que Chemin Fleuri, nommée Casaque Blanche, également petite fille de Mont Blanc II, a eu un poulain blanc en 1989, dénommé White Sam, qui resta étalon mais dont aucun produit n'est inscrit au SIRE.

Longtemps, la lignée de Mont Blanc II est restée endormie, mais plusieurs de ses descendants portent en eux le gène qui pourrait raviver le mythe du cheval blanc.

C'est le cas de l'une de ses descendantes : Fleur de Mad, issue de Blanche Fleur, une fille de Mont Blanc II. De robe baie brune sabino, Fleur de Mad semble en réalité grise. Mais, alors que les véritables gris blanchissent avec l'âge, Fleur de Mad garde la même couleur depuis sa naissance. Elle présente de plus les marques caractéristiques du patron de robe sabino : large liste en tête, hautes balzanes irrégulières, taches sur le ventre.

Déjà mère d'un poulain presque entièrement blanc (Russe Blanc né en 2007, vendu en Angleterre), Fleur de Mad a donc donné naissance à Far Far Away, son huitième produit, en 2008. Celui-ci présente un patron de robe sabino sur une base baie. A l'instar de sa "grand tante" Miss Guguss au début des années 1980, Far Far Away est désormais le cheval le plus étrange à voir en piste. 

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